« Dieu Fauve » de Fabien Vehlmann et Roger Ibanez (Dargaud)

4ème de couverture :

Remontez jusqu’à l’ère lointaine du Déluge, celle qu’évoquent à demi-mots tous les textes anciens de l’humanité… En ces temps de famine, Sans-Voix, un jeune singe orphelin, cherche à prouver sa valeur à son clan d’adoption en chassant le « longue-gueule », un vieil alligator blessé et vicieux. Manger ou être mangé : le cycle immuable de la nature. Mais en osant s’aventurer au coeur des terres interdites, celles des humains, Sans-Voix sera confronté au plus cruel des destins : voir les siens massacrés sous ses yeux avant d’être capturé puis dressé dans les arènes de l’Empire afin de devenir un « Dieu-Fauve », un guerrier sacré façonné pour la violence et l’art du combat. Mais ces longues années de souffrance auront surtout fait grandir en lui une brûlante obsession : se venger de ses bourreaux, quel qu’en soit le prix. Récit de bruit et de fureur, empreint d’une poésie sauvage, Le Dieu-Fauve dresse le portrait d’une civilisation soudainement confrontée à la perspective de sa disparition. Mettant les nerfs à vif, cet album donne à voir et à ressentir la violence de la nature, la chaleur étouffante, le bourdonnement des insectes, les cris de rage et les larmes de désespoir des protagonistes, croquant avec force le ballet incessant qui fait s’entrelacer la vie et la mort, le règne animal et l’humanité. Car, au fond, qui est le réel héros de cette histoire ? L’homme ou… l’animal ? Une œuvre à la construction magistrale, écrite par Fabien Vehlmann et portée par le dessin spectaculaire de Roger.

Mon avis :

Le prolifique Fabien Vehlmann, qui vient de sortir le très bon « La Cuisine des ogres » chez Rue de Sèvres, s’associe cette fois avec l’excellent Roger Ibanez qui s’est fait plus discret depuis le dernier tome de « Jazz Maynard ».

Au coeur d’une nature primitive et violente, un jeune singe recueillit par un clan doit faire ses preuves, un poète tout juste affranchit doit doit percevoir la beauté dans l’obscurité, une guerrière maître veneur doit assurer l’avenir de sa tribu, une jeune femme, apprentie poète sans talent, cherche à faire évoluer la situation. 

La vengeance comme moteur, la violence comme moyen de survie, ces personnages ne sont pas si différents. Chacun à leur manière, ils vont devoir affronter leurs destins.


Par des introspections sobres et très peu de dialogues, Fabien Vehlmann réussit à exprimer la cruauté, la vengeance, la manipulation et la violence. L’être humain est un animal qui peut créer des monstres à son image.


Je suis bien content d’avoir retrouvé le dessin de Roger Ibanez que j’apprécie beaucoup. Ses visages découpés à la serpe, les aplats de couleurs sombres et la vivacité des mises en scènes font un parfait contrepoids à la quasi absence de dialogue.


Si l’homme est un loup pour l’homme, il sait aussi créer des loups. Une très belle réussite.

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